Les Diablogues au Théâtre Marigny
Quand une petite provinciale fauchée comme moi, se voit en train d'attendre sagement le petit bonhomme vert du passage pour piétons afin de traverser ... l'avenue illuminée des Champs-Elysées pour se rendre au Théâtre Marigny, c'est une pure délectation. Peu importe le spectacle à vrai dire, le plaisir étant juste d'être là, ce soir-là, avec ma grande fille, posées béatement dans une carte postale bien kitch sur fond d'arc de triomphe empanaché!
Un joli petit théâtre, à l'italienne, que le théâtre Marigny. Nous sommes bien installées au 1er balcon, pour le spectacle "Les Diablogues" de Roland Dubillard avec Muriel Robin et Annie Gregorio.
Pour la petite histoire, ces Diablogues sont une réadaptation pour la scène de petits sketches radiophoniques que Dubillard avait écrit en 1953, à la demande de Jean Tardieu. Il en a donc fait de petites pièces à l'humour déroutant et loufoque, jonglant entre absurde et réalité, s'autorisant avec un malin (et intelligent) plaisir à jouer sur les mots, à la manière de ces artistes surréalistes d'après-guerre, qui nous ont ouvert les portes du rêve et de la liberté.
La mise en scène elle-même est loufoque : un mur avec terrasse intégrée et deux fauteuils recouvert de fourrure qui m'a fait penser au fameux déjeuner en fourrure d'Oppenheim . Les deux actrices ( personnages anonymes et seulement numérotés par 1 et 2 dans le texte original) forment un contraste haut en couleur violet et rouge de haut en bas, mais également par le registre choisi : l'une bien connue pour sa gouaille et ses mimiques si expressives; l'autre, plutôt réservée et donnant la réplique presque trop discrètement.
Un duo qui fonctionne pourtant admirablement bien, qui ne lasse pas et pourtant c'était une vraie gageure que de tenir le public en haleine avec les jeux de mots, les onomatopées et les histoires absurdes de ce fameux Dubillard qui ma foi, n'a pas vieilli, et qui prouve que la poésie peut se cacher dans un jeu de ping-pong, une ampoule qui flanche, une collection ringarde...