Dans la série "Petit éloge de..." (1)

« Au printemps je t’emmènerai en forêt… » C’était la première phrase. Nous sommes au début du mois de février, le printemps n’est pas pour tout de suite, mais tout va bien. Et puis trois heures après : « Je ne t’emmènerai pas en forêt. Trop compliqué tout ça. Je sors de ta vie. »

C’est par ces mots assassins que l’on entre dans l’éloge de la rupture de Brina Svit. On y entre avec la curiosité malsaine de celle (celui) qui veut savoir comment s’y prennent les autres dans cette situation. Rupture : un mot à la musique de verre brisé qui fait frémir et fuir. Mais qui interpelle chacun de nous. Forcément. Heureusement.

Ce petit livre au tissage habile de juxtapositions, de souvenirs, d’interventions, au style littéraire tout en « ruptures »  nous invite sans cesse à retourner en arrière comme on le fait d'ailleurs, en situation de rupture, lorsqu'on prend un plaisir sadique à se redire et à relire les mots d’amour qui ont précédé les mots assassins, à se transfuser les images des jours heureux …

Ce petit livre évoque aussi pudiquement les ruptures professionnelles, familiales, physiologiques, littéraires, géographiques…

Et puis le texte tranche,  découpe, décortique, fait exploser une forme qui aurait pu être  rigide, le texte s’ouvre aux autres… une forme de métaphore de la rupture elle-même, non? 

Alors finissons de nous lamenter sur elle! Elle a  peut-être bien raison Brina Svit de nous faire l’éloge de cette créature qui crache et distille son venin,  qui creuse nos plaies, qui tord nos boyaux...car alors quelle fierté lorsqu'on réussit à l'affronter, la défier, lui survivre ! Quelle délivrance, quelle renaissance parfois!