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Grains de sel, grains de beauté
9 décembre 2009

Vincere, de Marco Bellocchio

affiche_du_film

Les histoires de l’Histoire que l’on n’apprend pas à l’école sont évidemment les plus passionnantes et ce sont sans doute celles qui resteront gravées à jamais dans nos mémoires tant elles nous font comprendre que les souffrances de l’âme humaine transcenderont toujours l’événement.

Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l’histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser102962_68a0de9a3b5582554985467c5190b16f et un enfant Benito Albino conçu, reconnu puis désavoué et rejeté. Ida rencontre Mussolini à Trente et elle est fascinée par son assurance et ses convictions. Elle le retrouve à Milan où il se comporte en agitateur social qui harangue les foules et dirige le quotidien l’Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Elle l’aime quand personne ne l’aime. Elle le défend quand il est sans le sou, harcelé, insulté. Pour l’aider à financer son journal le Popolo d’Italia, point de départ du futur parti fasciste elle vend même tous ses biens. Mais lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s’engage, devient Duce et disparait subitement de la vie d’Ida qui découvre avec stupeur qu’il est déjà marié. Elle n’aura alors de cesse de revendiquer sa qualité de mère du fils aîné de Mussolini mais sera systématiquement éloignée de force, internée, séparée de son fils qu’elle ne verra plus jamais. 

Marco Bellochio ne dénonce pas les infamies du régime fasciste. Il s’intéresse uniquement au combat de cette femme absolutiste qui ira jusqu’au bout de ses forces pour clamer sa vérité. Une femme fière et intelligente qui n’accepte pas de rester dans l’ombre, comme l’ont fait de tous temps les maîtresses des puissants de ce monde.

« Vincere » (vaincre), mot que le dictateur hurle en grimaçant devant des foules hystériques  devient, dans l’ombre de sa prison, le moteur puissant et secret d’une Ida chavirée, déchirée, mais qui, à aucun moment,  ne s'agenouillera devant la puissance de la machinerie politique.

Et la force de ce film poignant de lyrisme réside dans ce paradoxe dramatique servi par une géniale juxtaposition d'images tous azimuts : images de corps nus exultant de plaisir et de corps agonisant sur un champ de bataille, images de foules en liesse et images angoissantes  des aliénées attachées nues sur leur lit , images du Mussolini séducteur et bien vivant cédant sa  place au Duce grotesque des images d’archives, images de la folie du pouvoir et images de la folie amoureuse,  images des mots de désespoir qui couvrent les murs de la cellule d'Ida, images pieuses d'un Christ agonisant,  images pseudo-comiques d'un Chaplin s'agitant au milieu de cette descente aux enfers … et surtout l'image-icône de cette bouleversante Antigone qui m'a arraché des larmes: Giovanna Mezzogiorno.

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