Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar

3 février 2010

« J’ai oublié tous les témoignages. J’ai fait comme si j’avais rencontré Gainsbourg dans une boîte à quatre heures du matin et qu’il me racontait sa vie… Je voulais jouer avec les images de cartes postales des artistes à Paris, avec les poètes, avec les jolies femmes, et essayer d’y mettre de l’intime, de la fragilité…Il n’y a pas de regard critique ni d’enquête : c’est une lettre d’amour à Gainsbourg.»

Joann Sfar, célèbre pour ses BD, signant ici son premier film, a eu la finesse d’éviter le biopic (on en a été repus ces temps-ci… merci bien la télé) pour avoir la folie de réaliser plutôt un « conte ». Conte qui débute par un générique absolument délicieux, une BD animée donnant d'emblée un ton particulier à ce film oscillant entre humour, émotion... et fumée bleue... parvenant à shooter le spectateur dans son fauteuil au point qu’il ne songe même plus à s’étonner de voir une mystérieuse chatte noire à la voix sensuelle l'introduire dans le salon de Juliette Gréco ou une marionnette perverse (le Petit Vampire de ses BD arrivé à maturité?), un double/diable/ alter-ego pousser notre Lucien/ Serge vers des choix (et des succès) de plus en plus fous.

On s’attache au Lucien enfant particulièrement juste et émouvant, on s’accroche à la sensibilité exacerbée de l’homme à tête de chou et l'on s'inquiète pour lui de cette "Gueule", qui lui souffle ses plus belles provocations, préfigurant ainsi l'image de Gainsbarre.

Il souffre et on souffre avec lui. On lui pardonne tout. On le trouve beau dans sa distorsion. On adore ses révoltes et ses excès. Et même sa grossièreté nous parait délicieuse...

« Gainsbourg, c’est un peu l’arbre de la connaissance : tu sais qu’il va te pervertir mais tu en as envie ! » dit encore Joann Sfar. Cette réflexion (la plus lucide peut-être) écrite à son propos, donne une toute autre dimension à l'ensorcellement qu’il a pu exercer sur les plus belles femmes du monde. (Je n'en fais pas partie, dommage...j'aurais assez aimé connaître les dessous de cette affaire )

Je terminerai enfin par un véritable coup de chapeau à Laetitia Casta , lumineuse de beauté, de sensualité et de vérité dans le rôle de Brigitte Bardot.