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Grains de sel, grains de beauté
11 avril 2010

Alice au pays des merveilles, de Tim Burton

affiche_2Réalisé par Tim Burton
Avec
Johnny Depp (le Chapelier), Mia Wasikowska (Alice)  

Tim Burton revisite “Alice au pays des merveilles et "De l'autre côté du miroir" en 3D pour le studio de ses débuts, Disney. L’héroïne de Lewis Caroll n’a plus 7 ans mais 19. On est sur le point de la marier avec le fils d’un lord rouquin, ennuyeux, laid et aux intestins délicats… mais la jeune fille indépendante, ayant hérité de l’imaginaire débordant de son père, préfère suivre un gros lapin blanc… Celui-ci va l’emmener dans un Underland magique, un monde déboussolé qu’elle a déjà vu et revu dans ses rêves de petite fille: un pays aux champignons géants où les chats sont plutôt de bon conseil, où une sage chenille bleue fume le narguilé, où un loir déborde d’impertinence… Une Alice y est d’ailleurs attendue, l’oracle l’a prévu… une Alice qui doit mettre fin au règne de terreur de la Reine Rouge. Est-ce elle la vraie Alice ? Acceptera t-elle son destin ?

Chapelier

Johnny Deep, qui collabore pour la septième fois avec Tim Burton, interprète le Chapelier fou, un garçon lunaire, mélancolique et un peu déjanté ( pour la petite histoire rendu fou par la forte concentration de mercure de la colle utilisée pour fabriquer les hauts-de-forme). J’ai regretté que le séduisant Johnny disparaisse sous un maquillage un peu clownesque. Face à lui, une Mia Wasikowska, comédienne inconnue d’origine polonaise, en Alice plus cérébrale qu’émotive, mais non dénuée de charme.

Et bien sûr une époustouflante Reine Rouge hydrocéphale et cruelle en la personne de Héléna Bonham Carter, l’épouse du réalisateur.

Que penser du duo Burton-Caroll ? Qu’ils ont certainement en commun un décalage audacieux qui ne manque pas de séduire, ou d’agacer c’est selon. Lewis Caroll, fils de pasteur, bègue, timide et gauche, souffrant de la normalité du monde des adultes s’est dissimulé dans une littérature extravagante (pour petites filles ?), monde souterrain et mots-valises , bien à l’abri de la bonne société en redingote du XIXème siècle. Ses personnages font le contraire de ce qu’on attend d’eux, renversent le temps et l’espace, font tout à rebours ou à contretemps, bouleversent les tailles et les rôles. Lewis Caroll manipule l’absurde avec génie!

C’est sans doute ce qui a donné à Tim Burton l’envie de tenter l’aventure, car, lui, amoureux des monstres, des personnages en marge, pâles et distants, fasciné par les univers macabres et inquiétants ne pouvait qu’être attiré par le monde Underland d’un écrivain solitaire et incompris.

rouge

Et moi spectatrice fidèle de Burton , que subsistera t-il , dans ma mémoire, de ce pays des merveilles ?

L’Alice en robe bleue qui sautille légèrement sur des têtes décapitées flottant sur l’eau croupissante des douves, l’ Alice recroquevillée au fond de sa théière, l’Alice et ses soucis vestimentaires, l’Alice volant agrippée à un haut-de-forme, la  cruelle Reine rouge et ses folies, j’ai adoré… En revanche, une Alice en Jeanne d’Arc guerrière (ou en St Michel au choix) combattant le dragon, oh noooon pitié!

Au final, ce foisonnement d’images en 3 D et cette profusion de situations incongrues auront oublié de me livrer leur émotion et leur poésie.

Mais peut-être ai-je tort de vouloir resssentir une émotion, Tim Burton me rétorquerait d'ailleurs que  "Le problème est qu'aucune émotion ne se dégage de cette Alice. On ne tisse pas de lien affectif avec elle. Ce que j'aime dans mon personnage, c'est qu'il possède un côté grave, une sorte de vie intérieure. J'ai fait grandir Alice. C'est le genre de jeune personne qui ne rentre dans aucune case sociale."

Alors... tout bien réfléchi, je me demande si l’univers absurde de Caroll cuisiné à la sauce gothique et baroque de Burton fonctionne aussi bien que je pouvais l’imaginer. Au final, le mets que l’on nous sert n’est-il pas un peu indigeste ? Juste un petit peu.

jardin

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Commentaires
F
bonjour, je suis tout à fait daccord avec vous! la 3D cache la magie et ou est passé l'innocence?!
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