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Grains de sel, grains de beauté
18 juillet 2010

Le jardinier espagnol, de A.J Cronin

le_jardinier

J’ai adopté immédiatement ce livre, abandonné sur le coin d’une étagère d’un entrepôt d’Emmaus… Le nom de l’auteur: Cronin m’a sauté aux yeux, je me suis souvenue alors des nombreux romans de cet écrivain que je découvrais, adolescente, lorsque je fouinais, en cachette, dans les cartons du garage de mon père. Ma mère devait les lire lorsque j’étais enfant. J’ai eu soudain l'envie de me plonger dans la nostalgie de ce passé, touchée par la modestie de ce livre écorné, à la tranche colorée d‘un rouge pisseux, comme les livres de poche de l’époque.

Harrington Brande est un consul américain malmené par la vie : les missions qu’on lui donne sont toujours dans les consulats les plus miteux de l’Europe. Sa femme l’a quitté, étouffée par la rigidité de son prétentieux de mari. Pour se venger, il a exigé d’avoir la garde de Nicolas, leur petit garçon d’une dizaine d’années à la santé fragile. Le garçonnet, timide et chétif, est surprotégé, contrôlé, étouffé par ce père autoritaire et orgueilleux.

Le consul vient d'être nommé dans une petite ville de la Costa Brava, et c’est sans grand enthousiasme qu’il s’installe à la Casa Breza, avec son fils mais il est plutôt séduit par le charme de la grande villa de style maure qui lui est attribuée. Un couple de domestiques sera à son service. Harrington engage ensuite José, un jeune homme, champion de pelote, en guise jardinier. Peu à peu, une belle amitié se noue entre le jeune garçon et le jeune Espagnol. Celui-ci fait découvrir à Nicolas les joies simples de la pêche, du jardinage, lui redonne confiance, force et assurance. Le père voit cette amitié d’un très mauvais œil, sa jalousie évolue peu à peu en rage haineuse, devient une obsession chez cet être frustré dont la névrose se fait de plus en plus envahissante.

« En haut, l’enfant était déjà au lit, les yeux fermés, la couverture blanche tirée jusqu’au menton. En lui, le changement état encore plus visible. Il avait beaucoup grandi. Ses traits avaient perdu les courbes de l’enfance, se faisaient plus masculins. Le contemplant avec un intérêt avide, le consul pensa non sans réprimant un soupir : Il grandit. »

Je n’ai pas été déçue par ce petit livre que j’ai trouvé ma foi fort bien écrit. Même si l’histoire peut paraître aujourd’hui désuète. C’est un vrai petit bijou : sur  fond de campagne espagnole ensoleillée et fleurie fort bien décrite, l’obscurité des sentiments du Consul grandit en même temps que l’amitié innocente du jeune homme et de l’enfant. Et l’histoire de cette relation bafouée, salie par les préjugés d’adultes malsains et englués dans l’orgueil de la toute-puissance, s’enfle jusqu’à la tragédie. C’est fort et touchant.

A. J. Cronin est né en 1896 en Écosse. Il est d’abord médecin des pauvres dans une région industrielle du Pays de Galles, puis inspecteur des mines en 1924. Après sa thèse sur les anévrismes (1924), il s'installe à Londres avec une brillante clientèle. Un repos forcé lui donne alors l'occasion d'écrire en 1931 son premier roman : Le Chapelier et son château. Il publie, ensuite, une vingtaine de romans. Il écrit principalement des romans tragiques ; beaucoup sont adaptés au cinéma. On pourrait le rapprocher d'autres médecins écrivains à succès de la même époque comme Slaughter ou Lloyd C. Douglas.

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