Mares de rue
J’aime voir ma rue déserte lavée par la pluie fraîche.
Je n’ai plus marre alors de ma rue elle a des mares.
Les trottoirs mornes et rose osent enfin soupirer
De n’être plus martelés de semelles pressées
De n’être plus souillés de tickets à gratter
De n’être plus éclaboussés de crachats éructés
J’aime voir ma rue déserte lavée par la pluie fraîche.
Je n’ai plus marre alors de ma rue elle a des mares.
Les pimbêches à talon mouillent leurs aiguilles
Et d’île en île on les voit qui sautillent
Les oiseaux ressuscités osent enfin s’appeler
De toutes les gouttières pour se concerter
Sur les bouffées des cheminées échappées
Sur les miettes des croûtons déposés
Sur les restes de croissants abandonnés
Les oiseaux libérés peuvent enfin jacasser
Et se rassembler d’un même bec assoiffé
Pour rire et se moquer des passants dépourvus
S’ébrouer, se coiffer, se refaire une beauté
Et se désaltérer aux mares de ma rue
Roseaux et libellules fleurissent les trottoirs
Je crois bien que moi aussi je vais aller y boire
Je n’ai plus marre de ma rue
Et quand elle a des mares
Je me marre.