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Grains de sel, grains de beauté
17 mars 2010

Puisque rien ne dure, de Laurence Tardieu

tardieu

Voici ma seconde rencontre avec Laurence Tardieu et son troisième roman "Puisque rien ne dure" et j'ai encore été transportée...C'est tellement magique de ressentir une osmose totale avec les émotions d'une semblable, avec son écriture, et de se dire, avec un peu de jalousie et beaucoup de vanité, qu'on aurait aimé - qu'on aurait dû - écrire ce roman-là!

"Je meurs voilà ce qu'elle m'écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t'entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit , presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n'avait pas été ces mots-là on aurait pu croire à l'écriture d'un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l'oublier: mais non ce n'est pas un enfant, c'est Genevière qui meurt. Geneviève. J'essaie de prononcer ton nom. Geneviève. C'est difficile."

En lisant ces lignes simples mais douloureuses au dos du livre, j'ai eu un premier choc. Car je me suis souvent parlé de moi-même en ces termes, m'imaginant maintes et maintes fois au seuil de ma fin de vie, réunissant tous mes amis et mes amours passées, les remerciant affectueusement, leur rendant malicieusement un dernier hommage: un adieu ultime. Moi qui me suis habituée à faire des adieux depuis mon plus jeune âge, moi qui ai toujours dû quitter des lieux, des enfants, des gens,  tourner des pages. Moi qui souffre toujours et encore de l'incertitude de l'avenir -puisque rien ne dure-... Oui ces premières lignes m'ont happée et c'est le livre entier qui m'a bouleversée.

Car il s'agit d'un retour nostalgique sur le passé, d'un éclair de lumière sur les années de bonheur de Geneviève et Vincent balayées par la disparition soudaine de leur petite fille Clara, enlevée au retour de l'école. Car il s'agit d'une intrusion dans un déchirement de couple, du constat d'une résilience inaccessible, et de l'ineffable solitude au seuil de la mort.

L'écriture de Laurence Tardieu est simple, familière, limpide et douloureuse mais pourtant poétique et élégante, évitant habilement la dérive du mélodrame. Ses mots sont justes, bien choisis, pudiques. Ses silences en disent long. Le découpage du livre en trois parties est aussi incisif que la douleur qu'il décrit selon trois points de vue: celui du présent de "Vincent (Juin 2005)", celui du passé de "Geneviève (1990)" et celui de leur impossible avenir "Ensemble (Juin 2005)".

Et enfin ces mots qui devraient apaiser nos tourments: "L'éternité n'est pas dans le temps, elle est dans la profondeur."

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Commentaires
N
Pour ma part j'ai trouvé que le roman manquait du nuances, et s'avérait trop larmoyant. Evidemment, c'est un sujet très dur, mais qui aurait pu être développé avec moins de pathos. C'est dommage.
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