Un homme à distance, de Katherine Pancol

« Un jour, Kay est entrée dans mon restaurant. Elle a posé une grosse liasse de lettres sur la table. Elle a dit : Tu en fais ce que tu veux je ne veux plus les garder. Je ne les ai pas lues tout de suite , mais dès que j'ai commencé je n'ai pas pu m'arrêter...»

Nous aussi... lecteurs indiscrets que nous sommes, nous voici en train de parcourir cette fameuse liasse de lettres échangées entre Kay Bartholdi, libraire à Fécamp et Jonathan Shields, un Américain collectionneur qui lui commande des livres par correspondance.

Cela donne lieu à une liaison épistolaire : Kay et Jonathan échangent des avis sur leurs lectures réciproques mais peu à peu, le ton se fait plus intime. Les livres deviennent prétextes à des confidences : on comprend que Kay a souffert d’une terrible déchirure amoureuse, on s’étonne que Jonathan la brutalise un peu, lui tende des pièges,  la devine, la taquine ou bien la pousse dans ses retranchements.

« Est-ce qu’on sait tout de l’autre quand on aime les mêmes livres ? Est-ce que les livres sont un moyen de tout se dire, même l’inavoué, le plus terrible secret ? »

Ce roman est une promenade habile et vibrante d’idées et de sentiments entre deux personnages mystérieux et pudiques qui nous conduit au final à une révélation fulgurante.

Ce parcours jalonné de commentaires sur des lectures essentielles permet également de tester la culture littéraire de chacun d’entre nous : pas moins de 23 livres cités (ouf la liste est à la fin du livre) : un bon moyen de faire l’état de ses lacunes (hum hum, bon, tout le monde ne tient pas une librairie) ou de se mettre l’eau à la bouche (des idées de choix pour ne plus rester pantois devant les rayons de la médiathèque!)

Et puis, Katherine Pancol a le talent de nous offrir ça et là ses mots simples et si évidents sur les tourments de l'amour :

« Un amour commence à exister quand chacun offre à l’autre le fond de ses pensées, les secrets les plus verrouillés. Sinon, ce n’est pas de l’amour, c’est de l’échange de peaux, de désir immédiat, et l’on se retrouve, détroussé, comme après le passage d’un cambrioleur. »

« Pourquoi n’aime-t-on-pas les hommes qui restent et vous dispensent de subir les atroces souffrances de l’abandon brutal ? Pourquoi a-t-on besoin de sublimes douleurs pour sceller les grandes histoires d’amour ? Pourquoi ne retient-on de l’amour que les moments de torture fulgurante ? »